Redemptor Hominis

Livre de la Genèse - Chûte

LE LIVRE DE LA GENÈSE

 

Chapitre n°4 – 1ère partie

 

LA CHUTE…

 

Introduction :

 

Le récit de la chute (la première transgression) pourrait s'intituler « De l'usage dramatique de la liberté ».

La liberté illustre la grandeur de l'homme et de la femme dans l'ordre naturel et spirituel. Elle s'impose comme une faculté ontologique inévitable, nécessaire, et en présence de laquelle on ressent de l’effroi, car elle s'accompagne du concept de responsabilité. Elle contribue à la conscience d’être et son usage semble toujours expérimental ; ce que ne perçoivent pas les animaux.

Adam et Ève sont confrontés à l'usage de la liberté et à leurs responsabilités dès leur création, mais ils ont une lucidité totale, non altérée quant à la qualité morale et spirituelle à donner à l’acte qu’ils posent, car ils ont une totale lucidité et jouissent de la mémoire de Dieu « memoriam dei » sans aucune ombre.

Ils sont homme et femme à l'instant de leur création ; il est faux de proposer, selon les théories et idéologies darwiniennes ou néo-darwiniennes, qu'ils aient connu une quelconque évolution. L'épisode où ils imposent un nom à l'ordre animal sous-entend la prise de conscience de leurs responsabilités à la fois individuelle et commune dès l'accomplissement de leur création ; dès l'appel à la vie. Ils sont homme et femme à l'instant où ils reçoivent l'animus. Ils sont immédiatement touchés par la conscience de leur existence et donc sensibles à la conscience morale.

Une telle grandeur, signifiée par la liberté est hors norme en regard de toute la Création et condamne la théorie de l'évolution darwinienne. La liberté introduit le concept de responsabilité qui est un apport positif à cette grandeur. Soyons-en convaincus, la liberté n'est pas une conquête, mais une faculté ontologique innée et liée au dont de l'intelligence qui résulte de l'animation immédiate par le don de l'animus. Le concept de conquête concernant la liberté est une conséquence de la faute originelle ; le concept de responsabilité, même s’il demande une expérience d’aquisition, est inné et conjoint au don de la liberté, dans le cas contraire il n'y aurait pas eu faute.

[Le concept de responsabilité est contenu dans le don de liberté, il est inné. La dialectique freudienne tend à le gommer en le déplaçant ainsi que celui de culpabilité sur le dos de la société, ce qui porte atteinte à la dignité de l'homme, mais aussi à son salut1. L'effacement conjoint du sentiment de responsabilité et de culpabilité est une réduction de la grandeur et de la dignité de l'homme et il handicape le sujet quant à la pratique de l'aveu, rendant difficile l'appel à la Miséricorde divine et donc au pardon divin, mais également au pardon2 humain. En effet, pourquoi demander pardon si on ne se sent pas coupable ni responsable ?

Cette situation altère l'exercice de la justice qui tend à faire du délinquant une victime préalable de la société au point que la recherche de la vérité n'apparaît plus aussi clairement comme un impératif. Certains faits divers3 récents illustrent cet affaissement, véritable recul de la justice face aux attentes légitimes de la société ; la victime trouve de moins en moins en elle une source de réparation et pour le coupable, elle perd sa mission de rédemption, de rachat social4. Rien n'est plus nécessaire que de former l’individu à la responsabilité, car elle contribue à la prise de conscience de sa dignité au plus haut degré de la qualité personnelle et sociale. Elle structure sa personne.]

La liberté est une puissance, une faculté liée au don d'intelligence, c'est-à-dire liée à la grâce de l'animation immédiate (animus)5. C'est aussi un espace qui n'a de limite que par notre statut de créature ; on pourrait penser que la liberté de Dieu est alors illimitée, oui dans sa nature, et non à cause de l'amour. Dieu aurait pu créer un homme qui n'ait aucune liberté, mais il n'eut pas été à son image ; Il pouvait retirer la liberté à Lucifer, l'homme n'aurait eu guère de mérite ; la liberté chez Dieu est absolue, car par amour pour l'homme Il accepte d'être limité dans son exercice. La qualité suprême de la liberté ne proviendrait-elle pas de la décision de s'imposer une limite dans son usage pour le plus grand bien de son prochain, de son semblable ?

La liberté a deux points inconditionnels :

1- Le droit à la vie est une liberté inconditionnelle ; la vie ne peut être interrompue dans l'ordre moral naturel et celui du droit naturel que si le sujet prend une vie volontairement en dehors de la loi commune, ce qui condamne sans appel l'avortement, l'euthanasie et le suicide ; et pour autant la peine de mort est légitime selon le droit moral naturel.

2- Le droit à agir en fonction de sa conscience ; la liberté de conscience ne peut être réduite, elle est, de par la dignité de l'homme, inconditionnelle sauf eu égard à la liberté et à la dignité de mon prochain. Cette liberté induit que je puisse rejeter Dieu de ma vie, que je puisse abandonner toute liberté soit en m'adonnant au mal délibérément, soit par une vie consacrée à l'amour divin, un abandon altruiste, dans cette configuration, le sujet qui s'y engage connaît une liberté plus étendue. Et si cette liberté qui fait si peur, une fois acceptée, était la vraie conversion ?

[La liberté demeure une puissance brûlante, dévorante, on la désire tout autant qu'on la redoute ; elle est toujours une fatalité dans la destinée. Notre aspiration envers elle peut être si forte qu'elle attire à nous toutes les tentations et peut faire rompre tous les interdits.

Dans le mythe du jugement de Pâris, les dieux sont bien cruels, ils sollicitent de l'homme un jugement entre eux ; pourquoi Pâris n'a-t-il récusé cette demande ? En l'acceptant librement n'a-t-il pas vu l'opportunité de s'introduire à la cour des dieux ? N'usa-t-il pas de sa liberté pour oser prétendre devenir leur égal ? Selon ce mythe, Pâris, à sa demande, aurait obtenu d'Aphrodite l'amour d’Hélène ; n'a-t-il pas demandé un bien qui appartenait à un autre ? De ce fait, il a rejeté la responsabilité de son libre choix sur sa patrie.

On voit bien que la liberté n'est pas une tentation, n'est pas une conquête, mais que la tentation réside dans l'usage qu'on en fait. Voilà pourquoi la nature du péché originel ne pouvait être que d'ordre spirituel et qu'elle ne pouvait résulter que du débat intérieur à la fine pointe de l'esprit : fallait-il rendre à Dieu cette part excellente de notre être ? Allait-Il nous la rendre ? Fallait-il vraiment qu'elle fût au cœur de l'action de grâce et prendre le risque que Dieu nous la reprenne ?

La réponse sera donnée six mille ans plus tard, et quelle réponse !

Et nous sommes là au cœur du seul débat qui vaille et qui nous plonge dans le plus intime de notre être, à la jonction du frôlement de l'animus et de notre anima.

Non, non, laissez moi vous le dire dans l'écho des hurlements secrets des âges d'homme, Dieu est cruel, car si son projet sur nous est le socle immuable de notre grandeur que serait-elle sans l'incandescence de cette liberté où je suis seul à en débattre sur son usage !

Ô! Laissez-moi hurler, je ne connais pas d'autre drame que de devoir faire usage de cette liberté. Oui, il n'est qu'un drame, c'est celui-là. Le Christ sur la Croix l'a proclamé !]

 

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« Le serpent était le plus rusé de tous les animaux des champs que Yahweh Dieu ait faits. Il dit à la femme: " Est-ce que Dieu aurait dit: " Vous ne mangerez pas de tout arbre du jardin? " La femme répondit au serpent: " Nous mangeons du fruit des arbres du jardin. Mais du fruit de l'arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit: Vous n'en mangerez point et vous n'y toucherez point, de peur que vous ne mouriez. » (Ge. 3, 1-3)

 

Le « serpent » n'est pas l'animal, son importance dans ce récit tient à sa charge symbolique, en hébreu il s'écrit avec les lettres : Noun

         Het

         Shine

Ces trois lettres correspondent en français, par ordre de haut en bas ici ou de droite à gauche en hébreu à : n, h, ch ou s.

[La lettre (noun) représente le serpent ; elle évoque ce qui est caché, englouti, elle peut signifier aussi le poisson.

Le noun fait allusion à quelqu'un qui est tombé, et qui, appuyé sur sa hanche, relève la tête, soit pour demander de l'aide, soit de colère, prêt à mordre...

Sa valeur numérique est 50 ce qui représente l'accomplissement, le renouveau.

La lettre (hè) représente le souffle de vie et le mode de communication entre les cinq niveaux ou degrés de l'âme (animus).

La lettre (shine) représente une dent, la dent, la force vitale, une force centrifuge toujours en mouvement. Elle représente les émotions.

Cette lettre donne en hébreu (sana) qui veut dire haïr, détester.

Sa valeur numérique est 300 qui signifie activité indépendante.

La lettre shine qui peut avoir quatre branches se retrouve sur le Tefilin de la tête des juifs orthodoxes.

Le serpent est le symbole féminin perverti qui représente exactement Lucifer dans son rôle de tentateur « le Tentateur »6. Il s'agit bien d'un esprit tombé dans son orgueil qui veut faire échec au plan de Dieu ; il ne lève la tête que pour mordre, il exprime sa haine de Dieu et de l'homme.

Ses tentations sont toujours placées au carrefour des émotions. Mais il est pris éternellement dans sa haine qui le condamne à l'impuissance, à l'échec final ; son action amène Dieu au renouvellement de toute chose : « Et voici que toute chose est renouvelée. »]

 

« Le serpent était le plus rusé de tous les animaux des champs que Yahweh Dieu ait faits... »

Il n'y a pas d'intelligence chez l'animal, car en aucun cas il ne crée son histoire. La ruse se trouve-t-elle chez l'animal ? Non. L'animal a l'instinct de sa race, de son genre qui lui sert pour survivre. Si donc le rédacteur confère à ce serpent des qualités propres à l'homme ou à l'ange déchu, c'est qu'il s'agit d'autre chose qu'un animal7. Il s'agit de Lucifer qui est là dans son rôle de « Tentateur ». Il y met toute sa puissance et sa séduction ; Dieu ne lui a pas caché la création de l'homme, Il lui a montré la créature dans laquelle Il s'incarnera.

Lucifer a compris l'éminent rôle de la femme*, il sait que c'est l'une d'entre elles qui s'assiéra sur son siège laissé vacant.

Mais revenons à sa révolte initiale :

[Lucifer est le supérieur général de tous les anges, il a la charge d'ordonner tous les chœurs angéliques de manière à ce qu'ils exécutent la Création, chacun ayant sa fonction propre.

Le moment vint où l'homme allait être créé ; Dieu fit connaître son projet : créer une créature qui, par sa nature, relèvera de l'ordre animal, mais qui lui sera différente et supérieure et dans laquelle Il s'incarnera, surélevant cette créature au-dessus des anges eux-mêmes.

Lucifer ne put supporter l'idée que Dieu puisse de libre propos s'incarner dans cette créature qu'il méprisait, il refusa d'adhérer à ce projet peut-être par amour pour Dieu, sans doute un amour sincère, mais dans lequel il cherchait à trouver sa propre image… au point de contempler son Créateur et de Le voir selon ses propres attentes.

Le projet de Dieu exposé était aussi l'occasion d'inviter les anges à faire librement un choix d'adhésion à sa Personne, car les anges sont aussi faits à l'image de Dieu. Ils ont été créés libres. Et Dieu, respectueux de la grandeur de ses créatures intelligentes, veut que chacune d'entre elles adhère à Lui par un choix libre, un acte autonome de volonté.

Lucifer l'a compris, mais l'a rejeté. Dieu ne pouvait être qu'à l'image qu'il se créait, sans doute beaucoup de la sienne d'image. Dans sa révolte il entraîna un tiers des anges, des esprits qui le suivirent librement. Et aveuglé par son orgueil, il crut qu'il pourrait déposséder Dieu de son trône, de sa divinité, il le combattit.

Lucifer et les siens furent jetés en dehors de sa présence de lumière et d'amour. Ils tombèrent en ce lieu spirituel de malédiction qui serait dans les entrailles de la terre. Ils tombèrent en conservant tous les dons dont Dieu les avait pourvus, mais ils sont complètement pervertis. Et pour l'éternité, ils demeurent saisis par leur haine de Dieu et de l'homme, et jusqu'à ce que toute chose soit consommée, ils ne cesseront de s'opposer au projet de Dieu qui s'est réalisé. Ils poursuivent leur opposition afin qu'un maximum d'âmes les rejoignent dans leur blasphème éternel.*]

Dieu n'est pas le « Tentateur », il ne soumet pas sa créature à la tentation ; la tentation est la matière intellectuelle et morale sur laquelle doit s'exprimer librement l'homme. La difficulté pour lui est que le principe de la tentation est quasi permanent, mais en même temps Dieu nous soutient par sa grâce d'immensité et la loi morale naturelle. Mais depuis l’Incarnation le Fils a donné les moyens du Salut qu'il a obtenus de son Père par les mérites infinis qu'Il s'est acquis dans son humanité. Aussi lorsque nous chutons, c'est soit par choix, soit à cause de notre orgueil ; dans les deux cas c'est parce que nous décidons de repousser Dieu de notre intimité ; pourtant Dieu ne nous abandonne pas, Il s'offre en Miséricorde...

1Ce mécanisme dialectique toujours lié à un choix idéologique se retrouve dans la dangereuse et invraisemblable idéologie du « Gender » et toujours sur le mode accusateur : on accuse l'autre d'être responsable d'une situation contre laquelle en fait on ne peut rien. On culpabilise l'autre pour affaiblir sa densité de vérité, afin de le substituer au profit de l'idéologie que l'on veut dominante. Bine certainement on ne peut ignorer l’influence de la société, mais elle est secondaire, d’autant que nous ne sommes pas dans une culture négatrice de la personne ; et il ne faut pas oublier que la société est une communauté de personnes.

2Le pardon, nous le savons, est une nécessité préalable à toute guérison psychologique, voire physique ; cette nécessité constitue un allié pour le sujet quant à retrouver la pleine liberté intérieure.

3Ces faits portent sur l'autodéfense , deux cas pour lesquels les juges d'instructions ont un présupposé idéologique.

4Ce point, parmi tant d'autres concernant la Justice, doit-être pris en compte pour certains aspects du problème de la récidive.

5La liberté n'est pas une conquête, elle est l'un des éléments constitutifs de « l'animus » - le don de l'âme – Le sentiment de conquête procède de la tentation originelle, il est l'une des conséquences majeures de la « première transgression », le péché originel.

6Dans le film « La Passion » de Mel Gibson, il est parfaitement illustré (le Tentateur) au Jardin des Oliviers, c'est sous les apparences de la femme qu'il tente et désespère Jésus et c'est encore sous cette forme qu'on le revoit au pied de la Croix, comprenant tout à coup son erreur.

7On ne devrait pas donner à l'animal des qualités qui sont propres à l'homme. L'animal n'a pas de qualité morale, car il ne peut discerner le bien du mal, sauf à le dresser et encore dans une relative mesure. Certes, un animal de compagnie ou utilitaire comme le cheval peut, par sa relation avec l'homme, subir à des modifications de comportement, mais sa nature profonde ne peut changer.

*De foi.

*De foi. (ce signe * signifiera que tel passage est conforme à la Sainte Doctrine ou défini comme certitude de notre foi.)



07/07/2011
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