Redemptor Hominis

Le "Toast d'Alger" - Lettre ouverte aux Chrétiens français

Lettre[1]Ouverte De Mr. Pierre-Charles Aubrit St-Pol aux Français de Confession Chrétienne…
 

 Avant propos :

 

Cette lettre fait suite à notre dernière chronique N°18 au sujet de l’exposition « Piss Christi » à Avignon.

 

 Vous vous apercevrez qu’il n’y a jamais eu aucune légitimité à le faire ; vous comprendrez à quel point l’appel du « Toast d’Alger » du cardinal de Lavigerie fut non seulement une épouvantable erreur, mais la cause active de bien de nos maux d’aujourd’hui, un piège luciférien.

 

L’Eglise s’accommode de tous les modes de gouvernement, elle n’en privilégie aucun, pour autant, de part sa mission sacrée d’évangélisation, elle encourage à ce que ces modes de gouvernance ne soient pas un obstacle au respect de la personne intégrale, c’est-à-dire à son épanouissement et à sa marche libre vers le Salut.

 

Dans le développement de notre discours, il vous paraîtra clairement que la république en France est, de nature essentiellement anti-chrétienne, et que c’est cette disposition idéologique qui est sa substance, son carburant agissant selon les époques et sous des formes toujours pernicieuses, car elle est psycho-sociologiquement réfractaire à tout effort de vérité. Son approche de l’homme et de sa société sont profondément handicapés, elle est incapable d’accueillir l’homme dans toute sa vérité ontologique, incapable de comprendre les intelligentes harmoniques qui, par la conjonction de forces naturelles et surnaturelles, régulent les flux de la société.

 

Une évidence conclusive s’imposera à vous, le mode républicain de gouvernement est et demeure pour notre peuple un corps étranger semblable à une tumeur maligne. Mais, pour autant, nous ne lançons pas un appel au renversement de ce régime, ce n’est pas là notre objet ; ce serait une perspective vaine, car ce renversement se fera dans le champ multiple de la Providence, il ne peut en être autrement.

En effet, le Christ Sauveur a contracté une alliance dans le creuset du baptistère de Clovis, et si aujourd’hui notre peuple ne lui est pas fidèle, Lui, le Seigneur, souverain Roi de la terre, est fidèle… Dans sa Miséricorde, Jésus ordonnera la mauvaiseté des uns, l’ignorance des autres au retour conclusif de l’ordre qu’Il institua, car nous le savons ce qui s’oppose à l’ordre universel du divin ne peut durablement étendre son empire ténébreux…



Une béatification riche de sens

 

La béatification de Jean-Paul II nous[2] donne l’opportunité de revenir sur des faits récents qui blessèrent les catholiques, et d’une façon générale tous les chrétiens et hommes justes soucieux du respect de la liberté et de la dignité de l’homme ; d’abord, à cause de l’exposition « Piss Christi » qui n’était qu’un point d’orgue dans la suite des humiliations, des vexations qui touchent l’Eglise[3] depuis le vote de lois qui renversent l’ordre moral naturel ainsi que le droit qu’il génère. En effet, ces lois - à commencer par la dépénalisation de l’avortement - obligent l’Eglise à prendre une position qui les condamne ; et pour une société soumise à la dictature d’un humanisme athée, eugéniste et hédoniste s’entendre dénoncer le mal que génère cette forme dictature de l’esprit, dictature des appétences infra humaines, lui est intolérable. Elle ne veut pas être confrontée à la vérité de ses actes, de ses décisions surtout si ceux-ci établissent un conflit majeur avec l’immanence et la transcendance qui sont sis ontologiquement dans l’homme. Sa méchanceté lui vient de son refus d’accueillir une vérité dont elle ne peut annuler l’omniprésence.

 

 Nous revenons sur notre chronique N°18 au cours de laquelle il nous fut difficile de surmonter la souffrance et la colère qui nous submergeaient. Il est inexcusable que l’Etat, garant de la dignité et de la liberté du peuple dans toutes ses composantes, garant du respect de ses citoyens dans ce qu’il y a de plus intime[4], ait pu permette l’organisation d’une exposition de cette nature et la subventionner alors que l’initiative était le fait d’un galeriste privé[5].

Au nom de la liberté de l’expression artistique ! Il va falloir que des intellectuels repensent le concept de l’art, c’est auprès des concepts du Haut-Moyen-âge que nous trouverons les bases de cette nécessaire réflexion. Le beau, son expression, à cette période-là découlaient d’une pratique très élevée et tout à la fois très commune de la vérité : l’homme péchait, mais il reconnaissait sa faute sans cherchait à la justifier ; car seul, pour une société chrétienne, le Christ est le justificateur. Quelles qu’aient été les faiblesses et les pauvretés de cette société, elle se reconnaissait pécheresse, elle vivait en vérité. Alors qu’aujourd’hui l’art réfléchit le rejet de la vérité, c’est pour cela qu’il est décadent.

 

Nous avons éprouvé une nouvelle indignation par la présence de MM Fillon (premier Ministre), Juppé (ministre des Affaires étrangères) et Guaino (ministre de l’Intérieur et des cultes) ; certes, elle pouvait sembler protocolairement justifiée, mais elle était inadmissible  et quelle incohérence entre cette présence en une circonstance aussi marquée et le financement de cette maudite exposition ainsi que l’absence de réaction quant au comportement des médias du service public vis-à-vis des Français de confession chrétienne et singulièrement catholique ! En effet, qu’elles que puissent être les convictions personnelles de ces personnalités, elles n’apparaissent pas moins solidaires du financement de « Piss Christi »[6].

Et voici que l’Etat Français, complice des humiliations de ses citoyens chrétiens, s’en va représenter la patrie pour « honorer » J.P.II, pape qui redonna toute notre fierté à nous catholiques. Nous ne pouvons retirer de ces contradictions que cette conclusion : ce gouvernement réfléchit l’inconstance, l’incohérence de son chef avec un manque criant de convictions sans doute au nom du pragmatisme ! Mais à cette lamentable situation s’ajoute la vilenie, car il ne saurait y avoir de grands ni petits calculs pour s’acheter des voix en vue des prochaines élections présidentielles…  

La dignité de cette majorité relève davantage du marchand de soupe et du maquignonnage, elle ne se soucie guère de correspondre à la dignité et à l’honneur qu’attend le peuple de ses élus ; ce peuple devrait retrouver dans l’Etat les valeurs les plus élevées de la patrie, de ce point de vue c’est un désastre.

 

 

La fierté retrouvée, la reconquête de la liberté intellectuelle

 

Jean-Paul II ouvrit son pontificat par ces mots mémorables :

 

« N'ayez pas peur ! Ouvrez, ouvrez toutes grandes les portes au Christ. À sa puissance salvatrice, ouvrez les frontières des Etats, des systèmes politiques et économiques, les immenses domaines de la culture, de la civilisation et du développement. »

 

Tout son pontificat  est contenu dans ces paroles qu’il s’efforcera de réaliser pendant près de vingt-sept ans. Mais quelle audace : faire ouvrir toutes grandes les portes au Christ. Il souhaita du fond de son cœur de pasteur que chaque femme, chaque homme y collabore au-delà même du Corps mystique du Christ[7]… Ce fut tout le sens profond des rencontres d’Assise, même si celles-ci furent dénaturées, perverties par les courants si progressistes qu’on peut les considérer comme ayant un pied dans l’apostasie. On sait que celles convoquées par Benoît XVI ne subiront pas ce détournement et que la primauté du Christ, Verbe incarné, sera affirmée ainsi que la liberté de conscience et religieuse par lesquelles passent la dignité et la grandeur de l’homme.

 

Jean-Paul II, à l’occasion de sa première visite papale en France, nous rappela la source vivante de la fondation de notre patrie et notre responsabilité dans la marche du Salut des nations : «  France qu’as-tu fait des promesses de ton baptême ? »

Cette parole lourde d’interpellations et d’attentes s’inscrivit dans le projet global de son pontificat et nous renvoyait au « N’ayez pas peur !… »

 

 L’Eglise universelle a besoin des catholiques de France qui sont culturellement, historiquement liés au baptême de Clovis qui fut celui de notre patrie et de ce fait, par une disposition de la Sainte Providence, notre patrie a la responsabilité universelle la plus lourde. Ô ! je sais que des esprits chagrins, auto-mutilés, rejettent cette évidence historique au nom d’une perspective théologique négatrice des liens ontologiques de « l’homme moderne »  avec son histoire, sous le prétexte fallacieux et aberrant d’un pseudo renouveau spirituel de « qualité… » Mais qu’importe, le Magistère, les papes successifs ne cessent pas de nous rappeler la vocation spécifique et les liens qui lient la patrie et notre peuple au mystère vivant de la Rédemption.

 

Les paroles du pape sont le rappel des engagements que chaque baptisé se doit d’assumer selon ses moyens : ne plus admettre docilement que l’on porte atteinte à notre dignité. Car il n’est pas acceptable de faire du chrétien un sous-citoyen parce que ce sont tous les croyants qui finiront par en être frappés.

Notre époque néo-païenne et amorale, et singulièrement en France, se sert des principes de laïcité pour relancer un mode pernicieux de persécution contre les religions monothéistes ; mais faut-il s’en étonner ?

 

 La révolution de 1789 fut, dans sa nature profonde, essentiellement anti-chrétienne et c’est cette motivation qui décida cette révolution, frappée d’une condamnation cosmique par le double régicide, car le roi et la reine incarnaient la cohérence du peuple avec son baptême et son unité dans une diversité de fait bien plus respectée alors qu’elle ne l’est aujourd’hui.

Ce pape aura restauré et redynamisé la pastorale avec la théologie de l’Alliance que le Saint Concile Vatican II a remise à jour et a voulu faire sienne. C’est cette mise à jour théologique qui avait été ensevelie au nom d’un christo-centrisme exaspéré et presque idolâtré. L’approfondissement de ce point de théologie l’amena à rappeler, lors de sa visite à l’UNESCO, que l’homme est un animal social que le Christ à rétabli dans l’amitié avec Dieu ; ainsi donc la sociabilité de l’homme est sa nature profonde : Discours à l’UNESCO du 02/06/1980.

 

Le pape Benoît XVI complètera l’œuvre de son prédécesseur par son discours de Ratisbonne qui est l’événement majeur de ce début de notre troisième millénaire : Foi, Raison et Université 14/09/2006 et commentaire de P.C. A.St Pol

 

Si Jean-Paul II exposa les dangers idéologiques de son temps en renvoyant dos à dos le capitalisme libéral et les capitalismes d’Etat (communisme), Benoît XVI identifia les grandes lignes de force mauvaise qui en furent et en sont toujours leurs substance ; il alla plus loin encore, il défonça les portes infernales que ces lignes de force mauvaise avaient dressées et scellées. Benoît XVI rendit, à cette occasion, la liberté à la vie intellectuelle, et il continue de la rendre en remettant l’homme au centre de la Création tout en réaffirmant que cet homme est sujet de la Vérité autant qu’il est objet et sujet de l’Amour Divin auquel il est appeler à participer[8].

 

Jamais comme aujourd’hui l’enseignement de la doctrine chrétienne n’avait été aussi lumineux et si incarné dans le quotidien de l’homme…

 « France, fille aînée de l’Eglise es-tu fidèle aux promesses de ton baptême ? »

Ce court exposé de la pensée catholique contemporaine est le suc le plus pur de la tradition la plus élevée, et rappelle la double dignité du baptisé :

 

 1er la dignité que lui confère sa nature humaine : l’homme est la conclusion et le couronnement de la Création.

 2e la dignité qu’il retrouve de par son baptême : la filiation d’adoption divine.

En effet, par ce sacrement Dieu le Père reconnaît par le sacrifice de son Fils Unique, Jésus-Christ, l’homme comme son fils d’adoption ; état qu’il avait perdu du fait de la faute originelle.

  

La question qui s’impose alors pour tout baptisé et singulièrement pour le catholique est celle-ci : que faisons-nous de cette double dignité ?

Cette légitime interpellation se double, pour nous Français, de confession catholique de celle-ci : que faisons-nous de notre baptême ; que fait la France de son baptême et quelle part avons-nous à fin qu’elle lui demeure fidèle ?

 

Une tumeur algéroise…

 

Pour notre génération, celle de 1950, la situation de l’Eglise de France est vue comme une cité fortifiée dont les fortifications auraient été sabordées en surface par ses citoyens qui auraient également veillé à ce qu’on ne puisse plus les reconstruire en minant le sous-sol.

 

On n’a pas eu l’impression que cette Eglise se soit ouverte au monde, car d’évidence elle s’est auto-éventrée ; c’est le monde qui la envahit qui la pénétrée, car s’il s’était agi d’ouvrir les portes tout n’aurait pu entrer puisque par essence

porte filtre le passage. Certes, la nécessaire sanctification de l’Eglise en vue de sa conformité au Christ Rédempteur n’a jamais induit qu’il fallait qu’elle s’infligeât une automutilation.

Nous avons beau affirmer ne pas nous reconnaître dans les mouvements conservateurs ultras pas plus que nous soyons attiré par ceux issus du progressisme avancé « plouf » ; mais il est une évidence qui s’impose à tout intellectuel rigoureux, l’état douloureux de notre Eglise de France est le résultat d’un formidable mouvement d’apostasie qui touche l’Eglise universelle et qui fut annoncé par la Vierge Marie à Fatima, mais surtout à Carabandale, apparitions contenues dans celles de Marie à la Chapelle de la rue Du Bac à Paris[9]

La responsabilité de cette situation est essentiellement due à une hiérarchie majoritairement complice des esprits du monde, hiérarchie qui va de l’évêque au simple laïc. Bien certainement le laïcisme de notre société y est pour quelque chose, mais qu’ont fait nos responsables pour s’y opposer ? La question est tout à fait légitime et elle condamne radicalement et sans appel la réponse du cardinal Lustiger qui, interrogé sur la crise de l’Eglise, dédouana la hiérarchie de toute responsabilité en rejetant la faute sur l’évolution laïciste de la société… De sa part, ce fut une fraude intellectuelle.[10]

Mais alors où sont les causes ?

 

Le 12 novembre 1892, le cardinal Lavigerie, archevêque d’Alger, à l’occasion de la réception d’officiers français déclara prononça ce mémorable discours :

 

«  Quand la volonté d'un peuple s'est nettement affirmée, que la forme d'un gouvernement n'a rien de contraire, comme le proclamait dernièrement Léon XIII, aux principes qui peuvent faire vivre les nations chrétiennes et civilisées, lorsqu'il faut, pour arracher son pays aux abîmes qui le menacent, l'adhésion sans arrière-pensée à cette forme de gouvernement, le moment vient de sacrifier tout ce que la conscience et l'honneur permettent, ordonnent à chacun de sacrifier pour l'amour de la patrie. […] C'est ce que j'enseigne autour de moi, c'est ce que je souhaite de voir imiter en France par tout notre clergé, et en parlant ainsi, je suis certain de n'être démenti par aucune voix autorisée. »

 

Nous savons que l’encyclique de Léon XIII ( Inter innumeras sollicitudines (Au milieu des sollicitudes)[11] fut largement inspirée par les courants libéraux français sympathisants du Siècle des Lumières et la culture révolutionnaire. Il est établi que c'est à son corps défendant que le cardinal Lavigerie a prononcé le "Toast d'Alger", il était légitimiste. C'est donc par esprit d'obéissance qu'il le fit à la demande de Léon XIII.  Nous savons que Léon XIII reconnut s’être fait abuser et regretta amèrement d’avoir appelé au ralliement.

 

En quoi et pourquoi cet événement peut-il être considéré comme une catastrophe égale à celle que ressentirent les Palestiniens le jour de la déclaration d’indépendance du nouvel Etat Israélien ?

 

Analyse de ce passage :

 

I-Quand la volonté d'un peuple s'est nettement  affirmée, que la forme d'un gouvernement n'a rien de contraire, comme le proclamait dernièrement Léon XIII, aux principes qui peuvent faire vivre les nations chrétiennes et civilisées…

 

 

1 - Quand la volonté d'un peuple s'est nettement affirmée…

 

a-   Nous ne croyons pas que le passage de l’empire ou de la royauté à la république troisième du nom ait été l’expression de la volonté du peuple, car qu’il nous en souvienne le peuple ne fut  pas consulté ; ce fut un vote des deux chambres qui fit passer la France dans la IIIe République à une voix près. Comme pour le traité de Lisbonne, la démocratie n’a pas triomphé[12].

 

Une telle affirmation de ce cardinal ne peut s’expliquer que par un zèle excessif ; sans doute l'a-t-il fait pour grossir le trait et surmonter sa propre répugnance.

 

…que la forme d'un gouvernement n'a rien de contraire […]aux principes qui peuvent faire vivre les nations chrétiennes et civilisées…


b-   Il est possible que son éminence ne se soit pas cru obligée d’analyser les fondements de la praxis républicaine, si elle avait pratiqué cette analyse nul doute qu’elle se serait gardée de telles approximations.

 

La République en France n’a rien à voir avec celle de Rome et encore moins avec celle d’Athènes… Les fondements de la nôtre sont intimement liés à la culture révolutionnaire, au Siècle dit des Lumières et en amont, à l’hérésie de la Réforme. La Révolution de 1789 fut anti-chrétienne et sa république l’est tout autant et ce, jusqu’à sa fin que nous souhaitons prochaine[13].


Il est bien évident que la république, toujours étrangère à l’âme du peuple Franc, a pour substance idéologique un anti-christianisme pathologique. Ses lois, depuis une cinquantaine d’années, en donnent toute assurance, et nous avons atteint la désolation de l’abomination par la loi de 2005 qui autorise le clonage reproductif humain. Bien plus encore, ces jours-ci, nous observons une progression qui, par une suite de petites dispositions, disposent à faire admettre l’union homosexuelle, contrairement aux promesses de M. Sarkozy…

 

lorsqu'il faut, pour arracher son pays aux abîmes qui le menacent, l'adhésion sans arrière-pensée à cette forme de gouvernement, le moment vient de sacrifier tout ce que la conscience et l'honneur permettent, ordonnent à chacun de sacrifier pour l'amour de la patrie.


c-   Nous mesurons avec le recul que permet l’histoire combien son Eminence s’est tragiquement trompée et qu’il est toujours hasardeux pour un prélat de se précipiter dans un engagement qui n’est pas dans la nature de sa fonction.  Il est une évidence, ce passage illustre l’emprise de l’idéologie nationaliste sur l’Eglise de France et d’ailleurs… idéologie aussi néfaste que la théologie de la libération.

 

Le cardinal met sur le même plan la foi chrétienne et l’amour de la nation, car ici le mot « patrie » est confondu avec le concept de « nation » ; nous sommes bien dans une dérive idolâtre… Elle fut une catastrophe pour l’Eglise surtout après la Seconde guerre Mondiale.

 

 

C'est ce que j'enseigne autour de moi, c'est ce que je souhaite de voir imiter en France par tout notre clergé, et en parlant ainsi, je suis certain de n'être démenti par aucune voix autorisée. 

 

d-   Il engage toute sa personne dans la responsabilité de cet « enseignement » ; heureusement qu’il n’a pas l’incongruité d’enseigner au nom du Magistère, mais à cette époque, je crains que bien peu de personnes aient eu les capacités de différencier ce qui était du Magistère et de sa personne privée.

 

Il use illégitimement de son principe d’autorité ( certes mandaté par Léon XIII  nous sommes toujours dans l'excès de zèle et la volonté de convaincre) pour empêcher tout autre autorité intellectuelle ou spirituelle légitime d’exprimer une opposition voire une simple et pourtant si nécessaire analyse critique. C’est ce qu’on désignera justement par « l’absolutisme clérical » y compris et surtout au sein même de l’Eglise, et que dénoncera magistralement le Saint Concile Vatican II[14] et ce que ne parviennent pas à admettre les ultras conservateurs, mais dont abusent les progressistes, rejetant généralement l’autorité du Magistère.

 

Cette dernière phrase aura des effets catastrophiques sur la vie intellectuelle des catholiques, situation aliénante et de blocage qui produira deux blocs frontaux irréconciliables que sont les ultras conservateurs (intégrismes) et les ultras progressistes (modernistes). Devant cette situation douloureuse et inacceptable au regard du prima de la Charité notre démarche d’intellectuel chrétien nous les fait rejeter dos à dos[15].

 

L’une des conséquences majeures de cette situation conflictuelle et par les événements de l’histoire immédiate feront que les forces vives de l’Eglise de France[16] seront court-circuitées par les courants modernistes et ultras conservateurs ; c’est ce qui explique en partie l’ampleur de la crise post-conciliaire avec l’affaiblissement de l’Eglise dans les débats de société. On constate que les tenants de ces courants continuent de développer et de maintenir une hégémonie inacceptable et aberrante surtout dans les œuvres de la pastorale.

 

Un autre aspect des effets dévastateurs de ce « ralliement du toast d’Alger », est que les catholiques ont fini par croire de bonne foi, surtout après le montage malhonnête du sentiment de culpabilité par rapport à la Seconde guerre Mondiale[17], qu’ils devaient soutenir cette république, réduisant de ce fait leur peu d’espace de liberté et de discernement qu’il leur restait.

C’est la raison pour laquelle il nous faut sortir urgemment de ce piège, et pour y parvenir, il faut ordonner notre analyse en considérant l’homme comme l’accomplissement  de la chose politique, car elle s’ordonne à son épanouissement intégral ce qui inclut sa transcendance tout en maintenant objectivement les ordres et les catégories. Il n’est évidemment pas question de confondre les pouvoirs et les missions, mais bien de les considérer globalement et distinctement dans l’optique de la recherche du bien commun universel. C’est tout le sens de la charge symbolique du retour de la tiare dans les armoiries pontificales.

 

Beaucoup d’intellectuels catholiques ont sincèrement cru qu’il était de l’intérêt de l’Eglise de devenir des serviteurs de la République ; ils s’y engagèrent si profondément que saint Pie X par son encyclique «Notre Charge Apostolique [18]»  condamna « Le Sillon », mouvement fondé par Marc Sangnier [19] ; il incitait les catholiques à collaborer avec la république et finit par rejeter l’autorité de la Révélation, du Magistère et  bien sûr celle du pontife suprême.

 

Les conséquences se multiplièrent et se diversifièrent, mais elles eurent une même production majeure, une rupture entre l’Eglise et la société, une occultation entre le Saint Siège et les catholiques avec en l’Eglise de France un effet abrasif du « néo-Gallicanisme dont son Eminence le cardinal Vingt-trois en est la tête de proue »[20]. Cette distanciation s’aggrava à partir de la « Libération » surtout dans les pays francophones.

 

En France, nous le savons maintenant, le pouvoir confié à De Gaule fit l’objet d’un marchandage dans lequel il était stipulé que le nouveau pouvoir devait affaiblir l’Eglise de France. La seule attaque frontale fut d’exiger la déposition de la quasi-totalité des évêques[21] qui avaient eu le malheur d’avoir reconnu le gouvernement de Vichy qui était légal… puis, par les réseaux constitués de fait, grâce aux prêtres résistants, on s’attaqua aux séminaires et on tenta de maîtriser la nomination des évêques. Mais une telle volonté d’affaiblissement ne pouvait se faire sans des complicités internes ; c’est ainsi que des réseaux laïcs se réactivèrent  dans le sillage du Saint Concile Vatican II. L’influence des courants dormants tels que « le Sillon » dont était membre François Mauriac, firent l’impossible pour que les cercles fidèles à Rome qui avaient été les préparateurs de ce concile fussent ostracisés, ce travail de sape fut grandement facilité par les médias ainsi que les sociétés occultes comme les loges maçonniques…[22]

Toute cette évolution est le résultat objectif du tragique Toast d’Alger… Il faut nous en dégager !...

 

Retrouver sa liberté spirituelle pour une plus grande liberté de conscience.

 

Nous avons tenté de vous montrer que l’appel à « rallier » à la république fut et demeure une catastrophe pour nous les catholiques ; cette catastrophe n’est pas en soi liée à ce mode de gouvernement proprement dit, mais au fait que cette praxis soit en France substantiellement liée à un anti-christianisme idéologique et toujours actif, parfois dissimuler dans l’anticléricalisme. Aujourd’hui, cet anti-christianisme s’alimente essentiellement au triomphe provisoire de l’idéologie humaniste athée dont la substance se décompose comme suite : l’idéologie du genre, l’hédonisme et l’eugénisme.

 

L’actualité, comme ce dimanche 8 mai à Reims, lors du 800e anniversaire de la pose de la première pierre de la cathédrale, nous montre à quel point cet anti-christianisme est actif. En effet l’attitude du maire socialiste et du préfet au cours de cette journée nous le confirme. (Les socialistes reprennent leur comportement odieux, car ils pensent revenir prochainement aux affaires… Ils devraient être plus prudents. Ils hurleront de frayeur.)

 

Le catholique ne peut rien dissocier de sa vie par rapport à son engagement baptismal, ses choix politiques ne peuvent entrer en conflit avec les exigences évangéliques.

D’autre part, la multiplication des lois opposées à la loi morale et au droit moral naturel enlèvent radicalement toute légitimité à gouverner le peuple. Nous devons considérer sur ce point précis que, depuis la dépénalisation de l’avortement, il n’y a plus aucune légitimité pour aucun de ceux qui prétendent nous gouverner. Donc de fait, nous sommes déliés de ce sinistre ralliement.

 

Tout ce que fait un catholique doit être ordonné à la Charité ; soutenir un mode de gouvernement qui contrevient, de libre propos, aux Dix Commandements, revient à s’opposer à la Charité qui est  en nous depuis notre baptême.

 

La République et tout autre mode de gouvernement qui tourne le dos au Baptême de Clovis n’est rien de moins qu’un corps étranger à la patrie, c’est une tumeur.

 

Alors que faut-il faire ?

 

Dans un premier temps, il faut aller voter, voter blanc pour toutes les élections[23] et il faut entrer en résistance spirituelle et culturelle ; c’est-à-dire prier et diffuser la doctrine de l’Eglise, faire connaître notre histoire et notre culture. Par contre, il faut s’engager davantage dans les corps intermédiaires, comme les associations.[24]

Notre attitude doit permettre la conversion pour ceux qui le peuvent encore. Un catholique dans la cité doit être une planche de salut pour tous ceux dont le cœur reste droit malgré l’effondrement métaphysique de la société. C’est la raison pour laquelle il ne peut recevoir aucune distinction des pouvoirs en place, ni soutenir un mode de gouvernement, mais il ne doit pas pour autant s’abstenir de voter.

 

On nous opposera le concept du moindre mal, ce concept n’a plus aucun sens, puisque toute la Droite confondue ne veut rien changer aux lois dont la nature est contraire à l’ordre moral naturel et quant à la Gauche quel mal plus grave pourrait-elle faire puisque le pire a été fait : la loi de 2005 qui autorise le clonage reproductif humain ?... cette loi qui est discutée au parlement et dont les dispositions du sénat sont confirmée et aggravée est indépassable dans son horreur, que sera-ce celle qui autorisera le mariage homosexuel avec l’adoption d’enfants, et la dépénalisation de l’euthanasie ? Rien ! Rien, car le pire aura été fait en amont. Maintenant il faut attendre dans « l’Espérance », le choc des consciences qui se produira par un évènement surnaturel qu’on désigne par : « l’Avertissement ». Et ce sera l’heure de Dieu qui s’ouvrira par un tonitruant « Non » à tout ce que sera devenu notre société.

C’est bien dans cette perspective eschatologique que nous devons veiller à ce que notre responsabilité, dans le gouvernement de la cité, ne nous rende pas complices du renversement radical de l’ordre voulu par le Créateur…

Nous devons en toute chose préserver notre liberté intérieure afin de tendre la main à ceux qui, dans une ultime seconde de lucidité crieront vers Dieu… Ne gaspillons pas l’Espérance qui est en nous, car nous prendrions le risque de ne pouvoir nous défendre de l’Antéchrist. Retrouvons en nous la mémoire de Dieu, c’est la seule manière de maintenir notre capacité à sourire et à pleurer…

Dieu a voulu que l’homme soit si grand qu’il lui devienne semblable… Nous chrétiens nous sommes interdits de médiocrité… Nous ne pouvons que réfléchir la grandeur divine qui nous habite.

  

 



[1] Nous avons choisi ce mode d’expression pour mieux répondre à certaines interrogations et expressions suite à la chronique N°18.

[2] Je choisis la première personne du pluriel afin de maintenir une distance sur ce sujet  et ne pas être submergé par la colère …

[3] Nous saluons le courage et la détermination de l’association « AGRIF » fondée par M. Antony qui, par des moyens dérisoires, dénonce et témoigne de la christophobie…

[4] Et qu’y a-t-il de plus intime que le sanctuaire des convictions religieuses ou philosophiques ?

[5] « La collection Lambert » ; cette subvention est du même ordre que la décision de F. Mitterrand de faire rembourser l’interruption volontaire de grossesse par l’impôt, décision qui, par ce biais, rend  insidieusement chaque citoyen responsable d’une décision qui s’oppose radicalement à l’ordre universel divin : le respect de la vie de sa conception à son terme naturel ; de ce fait, on peut considérer que le pouvoir politique est intrusif dans la conscience de la personne qu’il ne respecte pas.

[6] Eric Zemour au sujet des humiliations subies par les catholiques a dit que nous devons nous y habituer, car nous sommes minoritaires ; dans notre société toutes les religions sont devenues minoritaires ce qui ne saurait justifier le comportement agressif que nous subissons. La dignité de l’homme n’est pas une question de nombre, elle est une question morale et légale… Une société qui tolère ces comportements de persécution se révèle en pleine décadence, elle effleure les zones d’un néofascisme, elle sombre dans les premières sous-couches de l’infra-humain. Allons-nous oublier les leçons du XXe siècle ?

[7] Ce pape fit le pari de voir l’homme et la femme prendre conscience de la grandeur immense qui les habite et ainsi dépasser l’ordinaire de leur nature pour relever ce défi.

[8] Il réaffirme avec force ce qu’avait démontré saint Thomas d’Aquin, il n’y pas antagonisme fondé entre la foi et la raison.

[9] Les apparitions de la Rue du Bac (Chapelle Miraculeuse) contiennent et sont les clefs qui permettent de comprendre l’importance des autres apparitions mariales ; cette mariophanie est capitale pour la compréhension des événements actuels.

[10] Nous fûmes un temps engagé dans la JOC autour des années  67-68, nous vîmes beaucoup de générosités dévoyées, retournées contre l’Eglise, contre le Magistère par les aumôniers et certains cadres syndicaux ; il est clair que ces aumôniers et autres responsables menaient des actions que sous-tendaient une intention ordonnée qui n’avait aucun lien avec la Charité, avec la dignité de l’homme… Ils agissaient selon des options pratiques qui nous renvoyaient au fascisme. En effet, sous prétexte de discussion démocratique, nous étions de fait soumis à une autorité redoutable qui veillait à ce que la pensée unique s’impose à tous… La JOC a été et demeure un lieu de non liberté selon les pratiques utilisées par des régimes fascisant.

[11] Cette encyclique se rapporte exclusivement sur une donnée pastorale, elle n’a donc pas l’autorité d’infaillibilité qu’aurait une encyclique traitant d’un point de doctrine ce qui pour le coup engagerait l’infaillibilité de successeur de Pierre et dont l’autorité ne peut être discutée, voire rejetée. La pastorale ne tombe pas sous le caractère d’infaillibilité puisqu’il s’agit du gouvernement des hommes et que la pastorale est un instrument au service de la Révélation, il est donc chargé de données aléatoires, donc changeantes. 

[12] Le référendum est l’expression ultime de la volonté du peuple, s’étant exprimé par ce moyen, sa décision ne peut être remise en question par un autre procédé.  Le fait que M. Sarkozy ait reposé la question et convoqué les deux chambres en congrès est, en soit, un coup d’Etat, un déni de démocratie  et  ce qui est bien révélateur de la réalité pseudo-démocratique de la praxis républicaine. Cet événement qui méprise le peuple souverain pose également la question des objectifs réels poursuivis et qui sous-tendent la construction de l’U.E.

[13] S’il est d’évidence que la destinée de la république en France est de disparaître, il est tout aussi évident que c’est par son mouvement naturel que cela se produira et qu’il ne sert à rien d’avoir pour objectif sa fin. Ceux qui aujourd’hui s’en proclament les défenseurs sont les meilleurs garants de sa ruine… Laissons les conséquences de leurs actes allaient leur chemin… Ce qui nous importe, c’est de témoigner jusqu’au bout de l’Espérance chrétienne, et surtout ne pas tomber dans l’erreur de Charles-Marie Maurras qui s’égara dans un nationalisme intégral et contribua à obérer la saine Doctrine Sociale de l’Eglise.

[14] Jamais comme aujourd’hui et depuis le Vatican II la liberté d’expression en l’Eglise n’a été aussi magnifiée pour autant et à juste titre qu’elle ne s’oppose pas à la Révélation. Personnellement, je mesure d’autant plus l’importance de cette liberté que je me suis résolument engagé à soumettre ma démarche intellectuelle à l’autorité du Magistère.

[15] Nous nous reconnaissons dans l’analyse prémonitoire du feu cardinal Pie, archevêque de Poitier.

[16]  Ceux qui reconnaîtront toujours la primauté du Magistère.

[17] Il faut savoir que les premiers réseaux constitués de résistance à l’occupant furent majoritairement fondés par des catholiques dont le plus célèbre a été le réseau Notre Dame, mais aussi celui dit de la Main Droite en Alsace annexée(des enfants issus des choristes et servants de messe dont le chef n’avait pas plus de 16 ans. Certes des communistes individuellement se sont engagés dans la résistance mais en désobéissance totale avec les responsables du PCF jusqu’en 1942 année de l’envahissement de l’URSS.

[18] Il s’agit d’une encyclique doctrinale qui va s’inscrire dans les débats quant à l’intrusion des idéologies matérialistes (communisme) et dont le dénouement se trouvera dans la condamnation de la « théologie de la libération ».

[19] Marc Sangnier passa du libéralisme, à la Gauche et de la Gauche à l’extrême Gauche marxiste.

[20] Confère ses déclarations à la suite de la visite pastorale de Benoît XVI en France, condamnant implicitement le discours prononcé à Lourde en présence de l’assemblée des évêques.

[21] Il n’y en eu que trois.

[22] Dès les débuts de la Troisième République des clercs s’engagèrent dans les maçonneries malgré les interdictions du Magistère et les risques d’excommunication toujours en vigueurs ; ces clercs apostats devinrent très nombreux après la Seconde Guerre Mondiale ; ici dans le diocèse de Perpignan-Elne, on en compte cinq à ce jour dont l’un entre eux, toujours en activité, est fondateur de loges. On doit souligner le rôle pervers d groupe de presse :  La Vie Catholique et le rôle du Journal la Croix qui incarne ce néo-gallicanisme…

[23] Qu’importe qu’il ne soit pas différencier des bulletins nuls, le vote blanc jouera son rôle quant au pourcentage réel sur les résultats définitifs ; et le vote blanc n’est pas moindre politiquement que l’autre vote. La possible candidature de l’humoriste Alévêque comme celle de Coluche démontre l’effondrement de confiance entre le peuple et cette république…le triomphe de la dérision !

[24] On pourra envisager dans un second temps, si les actes de christophobies se continuent et s’élargissent, d’entreprendre une contestation pacifique plus déterminée, tel que le gèle des impôts voire autres actions qui doivent restées dans la non-violence. On peut bloquer le versement de la redevance aux services publics des médias.



[1] Nous avons choisi ce mode d’expression pour mieux répondre à certaines interrogations et expressions suite à la chronique N°18.



18/05/2011
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