Redemptor Hominis

La saine et légitime laïcité dans la Doctrine Sociale de Pie XII d'après le Journal de l'Alliance

« LA SAINE ET LEGITIME LAICITE »

selon Pie XII

de

Julien Gunzinger son site : ESCHATON

 

Pie XII doit être considéré comme le grand docteur de la Doctrine Sociale de l’Eglise ; ce qui n’est pas étranger aux campagnes médiatiques hostiles dont il est régulièrement l’objet. Car, c’est ce pape qui mit à nu la modernité en lui lançant à la face : "C'est tout un monde qu'il faut refaire, depuis les fondations. De sauvage, il faut le rendre humain, d'humain le rendre divin, c'est-à-dire selon le cœur de Dieu". (10/02/1952,radio-message)

Rendre le monde conforme au cœur de Dieu, c’est là l’axe principal de la Doctrine Sociale. Pie XII disait qu’elle était « fixée définitivement et sans équivoque dans ses points fondamentaux »( 29 avril 1945), et que « nul ne peut s’en écarter sans danger pour la foi et l’ordre moral »( 29 avril 1945) « Les points principaux (de la doctrine sociale de l’Église), explique Pie XII, sont contenus dans les documents du Saint-Siège, c’est-à-dire dans les encycliques, les allocutions et les lettres pontificales » (17 octobre 1953).

 

Or, ces dernières sont extrêmement claires : il n’y a aucune autre voie de stabilité, de prospérité et de paix pour les sociétés que celle qui passe par la reconnaissance de la royauté sociale du Christ. Pie IX, avec “Quanta Cura” et le “Syllabus” affirmait qu’il n’y avait pas d’autre horizon pour toute société humaine que la chrétienté ; Léon XIII, dans ses encycliques “Diuturnum illud”et “Immortale Dei” développera les fondements théologiques de la royauté sociale du Christ. Pie X, en fit une synthèse à travers sa formule héritée du cardinal Pie « Tout instaurer dans le Christ”[1]. Après lui, Benoît XV canonisa Jeanne d’Arc, prophétesse du Christ-Roi. Enfin, le pape Pie XI dans “Quas Primas” acheva l’enseignement de ses prédécesseurs en instaurant solennellement la fête du Christ-Roi. ( la doctrine sociale de l’Eglise ne commence donc pas avec « Rerum novarum », celle-ci est même secondaire dans le corpus de la Doctrine Sociale.)

 

Quel est alors l’enseignement de cette doctrine au sujet de la laïcité ? Voici ce que Pie XII en dit dans un discours qu’il tint le 23 mars 1958 "Il y a des gens, en Italie, qui s'agitent parce qu'ils craignent que le christianisme enlève à César ce qui est à César. Comme si donner à César ce qui lui appartient n'était pas un commandement de Jésus ; comme si la légitime et saine laïcité de l'Etat n'était pas un des principes de la doctrine catholique ; comme si ce n'était pas une tradition de l'Eglise, de s'efforcer continuellement à maintenir distincts, mais aussi toujours unis, selon les justes principes, les deux Pouvoirs ; comme si, au contraire, le mélange entre le sacré et le profane ne s'était pas plus fortement vérifié dans l'histoire quand une portion de fidèle  s'était  détachée de l'Eglise."

La saine et légitime laïcité repose donc sur l’unité des deux pouvoirs et non pas sur leur séparation[1]. Au contraire, la confusion des pouvoirs menace dès que cette subtile articulation n’est plus respectée. C’est bien ce qui se produit avec le laïcisme fondé sur la relégation dans la sphère privée du christianisme, puisque le laïcisme, dans les faits, entérine l’avènement d’une nouvelle religion publique : celle de l’homme ou de la démocratie religieuse. Sous le joug de cette religion ( la démo(n)cratie), l’homme est poussé à s’ériger en maître suprême de la création, et à substituer sa propre loi démocratiquement votée à celle de l’ordre naturel. Pour la doctrine sociale, le rendez à César a pour conséquence que César dispose bel et bien d’une autorité légitime et autonome dans l’ordre temporel, mais jamais il n’est exempté de devoir rendre à Dieu ce qui est à Dieu dans l’ordre spirituel, l’obligeant au respect envers la loi naturelle, lui faisant devoir de s’en inspirer pour la loi civile. Rendre à César ce qui est à César ne dispense pas César ou Créon de rendre à Dieu ce qui est à Dieu, et surtout pas des préceptes religieux de la loi morale naturelle. Il ne doit pas y avoir indépendance, séparation ou insubordination. Dès lors qu’il y a séparation à l’égard du pouvoir spirituel et a fortiori de la loi naturelle, on quitte la saine laïcité, ce qui conduit à la démocratie sournoisement totalitaire dénoncée par Jean Paul II dans « Centesimus annus » et dans son livre mémoire « Mémoire et identité ».

 


[1] (…) on ne bâtira pas autrement que Dieu l’a bâtie ; (…) Il ne s’agit que de l’instaurer et la restaurer sans cesse sur ses fondements naturels et divins contre les attaques toujours renaissantes de l’utopie malsaine, de la révolte et de l’impiété. « omnia instaurare in Christo » Lettre sur le Sillon Notre charge Apostolique, du 25 août 1910.  

[2] Il faut, en fait savoir que la séparation des pouvoirs est nécessaire au sens où il s’agit de les distinguer sans les mettre en confrontation.( note de la rédaction)

Mis à jour le Vendredi, 22 Octobre 2010 12:58

 

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22/10/2010
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