Redemptor Hominis

La Liturgie - "Les Ornements liturgiques" ("Journal de l'Alliance")

LITURGIA

 

Les ornements liturgiques (1) : histoire et symbolisme

 

     Le costume liturgique latin n'est qu'une adaptation aux fonctions sacrées du costume civil gréco-romain en usage dans l'Empire aux premiers siècles du Christianisme. En 382, une loi des trois empereurs Gratien, Valentinien et Théodose fixe le nombre et la nature des vêtements concédés à chaque classe de la société.

Tandis que l'Ordre Monastique retiendra pour soi, en signe d'humilité, l'uniforme des esclaves : tunique, ceinture et coule ; l'Église adopte pour ses ministres le costume de ville des sénateurs.

À ceux-ci, la loi de 382 prescrit de revêtir, à Rome, tant le matin que l'après-midi, une tunique de dessous le colobus, appelé encore colobium, tunica interior et un vêtement de dessus la pænula ou byrrhus. La vogue de la poenula fut telle qu’elle remplaça la toge des sénateurs, des avocats et des tribuns du peuple. Sur la tunica interior ou colobium et sous la pænula, le sénateur et aussi tout romain honorable portait, pour raison d'élégance, un second colobium, plus riche, appelé aussi dans un édit de Dioclétien de 301, la dalmatica. A ce costume, il faut ajouter  l'orarium ou faciale, ancêtre de l'étole,  et la mappa ou mouchoir de cérémonie, ancêtre du manipule, destiné à l’origine à s’éponger le front, et symbolisant la labeur sacerdotal qui fait semer ici-bas dans les larmes - il n'est plus utilisé que dans le rite romain extraordinaire -. Nous avons là l'origine des principales pièces du costume liturgique latin.

 

L’aube, le cordon et l'amict :

 

Du latin alba qui signifie blanc, l'aube est une tunique longue de couleur blanche portée par les clercs et ceux qui font office (enfants de chœur). Elle trouve son origine dans la tunica talaris des Romains, tunique à longs pans, tombant jusqu'aux chevilles et fixée à la taille par un cordon.

L'aube se porte obligatoirement à la messe sous la chasuble ou la dalmatique. Elle est le symbole de l’innocence, de la condition de baptisé, le vêtement des élus.

Le cordon ou cingulum qui la serre à la taille évite que son ampleur ne gêne les mouvements. Il signifie la chasteté sacerdotale.

Sous l'aube, il est de coutume de porter l'amict - du latin amicire qui signifie couvrir - ; dérivé d'un long vêtement romain qui couvrait la tête, c'est un rectangle de toile fine passé autour du cou, vestige du capuchon monastique, symbolisant le casque du salut qui défend contre le démon.

 

L'étole, dans sa forme primitive, était une longue robe, garnie de deux bandes verticales, appelés clavi. Il n'en restera que ces deux bandes. Jusqu'au IXe siècle, elle porte le nom d'orarium  – du latin os, le visage – et consiste en un linge fin utilisé par les personnes qui parlaient en public pour s'essuyer le visage. Elle devient plus tard l'insigne honorifique des ministres sacrés : porté autour du cou par les évêques et les prêtres, et en sautoir sur l’épaule gauche par les diacres. Dans l'allégorisme médiéval, elle est symbole d’immortalité, comme en témoigne la prière du ministre qui la revêt : « Redonnez-moi Seigneur, l’étole (le vêtement) de l’immortalité, que j’ai perdu lors de la prévarication de mes premiers parents, et quoique je m’approche sans en en être digne de ton Ministère Sacré, que je puisse pourtant jouir de la joie éternelle ».

La chasuble, casula (appelée encore, suivant les pays et les époques, casubla, planeta, mantel), est cette paenula gréco-romaine que nous avons évoqué, vaste manteau de laine de forme ronde ou conique, percé en son milieu d'un trou pour y passer la tête et souvent muni d'un capuchon.  Le mot français chasuble vient du latin casula (petite maison), parce que « ce vêtement, dit saint Isidore de Séville, couvre complètement celui qui le porte, comme une petite maison ». Après avoir été le vêtement de tous les Chrétiens, elle resta par excellence celui des clercs qui la portèrent indistinctement dans les fonctions liturgiques jusqu'au IXe siècle, époque où prévalut l'usage de la dalmatique pour le diacre, de la tunique pour le sous-diacre.

La chasuble, reçue au jour de l'ordination sacerdotale, devait être réservée au prêtre qu'il ne la porte que pour la célébration de la messe.  Aux lainages souples succédèrent au IXe siècle les somptueuses soieries byzantines ; à l'ornementation sobre furent substitués les riches orfrois que remplacèrent à leur tour, à partir de la Renaissance, les lourdes broderies en bosse ; aussi tant pour la commodité des mouvements que pour diminuer le poids du vêtement, la vaste planète primitive perdit sa forme circulaire pour devenir successivement elliptique, rectangulaire. Depuis l'après-guerre, on est revenu à la forme ample des origines. La chasuble figure le joug du Seigneur et la charité dont le prêtre doit être tout entier revêtu. Il est de tradition que le prêtre récite la prière suivante en la revêtant : "Seigneur, vous qui avez dit : mon joug est suave et mon fardeau léger, accordez-moi de le porter de manière à obtenir votre grâce". Symbole du, elle l'est encore et surtout de la charité.

La chape a la même origine que la chasuble. Du latin cappa qui signifie capuchon ou cape, c'est une grande cape de cérémonie agrafée par-devant et portée par les officiants principalement lors des bénédictions solennelles, aux vêpres et aux laudes solennelles et lors des processions et saluts du Saint-Sacrement. Elle n'a aucune signification symbolique.

La dalmatique, du latin ecclésiastique, dalmatica qui signifie blouse en laine de Dalmatie, est une sorte de chasuble en forme de croix avec des manches courtes, elle est portée par les diacres lorsqu'ils remplissent les fonctions sacrés. Son usage liturgique remonte au IVe siècle. L'usage liturgique de ce vêtement, dérivé d'un vêtement civil romain remonte au IVe siècle. À l'origine, ce vêtement symbolisant la joie était blanc et paré de deux bandes verticales appelées clavi, il prendra ensuite la couleur de la chasuble.

 

Il est toujours des esprits chagrins pour dénigrer les prescriptions liturgiques qui n'ont pourtant d'autre fin que d'aider nos liturgies de la terre à anticiper la Liturgie céleste. Dieu n'y est pas indifférent : dans la Bible, le Lévitique, livre inspiré, détaille le déroulement des cérémonies, les vêtements et les objets liturgiques du culte juif avec une précision qui ferait rougir ceux qui trouvent excessif le soin donné au culte chrétien...



19/12/2010
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