Redemptor Hominis

Comprendre la Liturgie

 

 

Il est parfois difficile de comprendre le vrai sens de la Messe. Certains gestes et certaines paroles rituelles sont totalement incompréhensibles si l'on ignore leur signification profonde et/ou leur origine, et a fortiori si l'on a aucune connaissance du contenu de la Foi de l'Eglise concernant l'Eucharistie.

 

Le sujet est trop vaste pour être traité en un seul article. Nous allons nous contenter de donner quelques clés de compréhension.

 

Tout d'abord, précisons un peu de vocabulaire.

 

On parle de Saint-Sacrifice de la Messe et de Sacrifice eucharistique (expression des Pères de l'Eglise et des premiers Chrétiens) car la célébration eucharistique est le Sacrifice de Jésus sur la Croix. Ce n'est pas un autre sacrifice car seul le Sacrifice de la Croix peut nous sauver. Il ne s'agit pas du tout de re-sacrifier Jésus, de Le tuer à nouveau, réellement ou symboliquement. Non, le Sacrifice d'il y a deux mille ans est unique mais la Grâce de Dieu le rend invisiblement présent dans l'Eucharistie. C'est pourquoi on appelle aussi la Messe un Mémorial de la Passion du Christ. Mais l'expression "mémorial" et la Parole "Faîtes ceci en mémoire de moi" ne veulent pas dire qu'il ne s'agirait que d'une commémoration symbolique. Au contraire, le sens propre de "mémorial" implique bien la Présence Réelle.

La Présence Réelle signifie que Jésus est présent "substantiellement" (on pourrait presque dire "physiquement") dans l'hostie consacrée et le vin consacré.

On parle de transsubstantiation pour dire qu'à partir du moment de la consécration, il n'y a plus dans l'hostie aucune présence de la substance du pain ni dans le vin de messe aucun reste de substance de vin mais qu'il n'y a plus que la Substance de Jésus sous l'apparence du pain et du vin. Ce point est un peu compliqué à comprendre mais c'est un Mystère magnifique auquel croit l'Eglise.

Hostie veut d'ailleurs dire victime car Jésus est la Victime volontaire de Son Sacrifice sur la Croix qui est rendu invisiblement présent à chaque Messe.

Messe vient du verbe latin mitto, mittis, mittere, missum qui veut dire envoyer. Il fait référence à l'envoi à la fin de la célébration (Ite Missa est : Allez je vous envois [en mission] ou Allez la Messe est dite, qui dans la traduction française est devenue Allez dans la Paix [et la Joie] du Christ) et insiste sur l'idée que l'Eucharistie nous a fait reprendre des forces spirituelles et que les Lectures bibliques et la prédication nous ont enseignés ce que nous devions faire de ces forces nouvelles lorsque nous serions retournés aux activités quotidiennes. 

On parle aussi de Repas du Seigneur pour insister sur la communion eucharistique (lorsque les fidèles reçoivent l'hostie consacrée), de Fraction du Pain (expression biblique) pour insister sur la symbolique du geste que fait le Prêtre en brisant l'hostie consacrée pour signifier le Corps brisé du Christ sacrifié pour nous et le geste du partage fraternel du pain et parce que Jésus Lui-même a brisé le pain quand Il a institué l'Eucharistie, et d'Assemblée eucharistique pour insister sur l'idée de rassemblement fraternel, communautaire et ouvert de tous les fidèles d'un même lieu autour du Sacrifice eucharistique que l'Eglise appelle "la source et le sommet de la vie chrétienne".

Eucharistie vient d'un verbe grec qui veut dire "rendre grâce", c'est le verbe qu'utilisent St Luc dans son Evangile et St Paul dans sa première lettre aux Corinthiens lorsqu'ils disent que Jésus "rendit grâce" au moment d'instituer ce Sacrement et c'est le verbe qu'utilise St Jean lorsqu'il écrit que Jésus "rend grâce" au moment de la multiplication des pains. Le Sacrifice eucharistique est donc le Sacrifice d'action de Grâce de Jésus à Dieu le Père.

Un Sacrement est un signe visible qui fait réellement mais de façon invisible ce qu'il signifie. Quand le Prêtre dit au Nom du Christ "Ceci est Mon Corps", l'hostie est bien consacrée, elle devient bien Jésus Lui-même, même si, par exemple, le Prêtre n'y croit pas. De même, quand on dit "Je te baptise etc. ..." en versant de l'eau sur la tête du catéchumène, il est baptisé c'est-à-dire que son âme "s'habille" de Jésus et que la marque du péché originel est effacée chez lui.

Il y a comme ça sept Sacrements : le Baptême, la Confirmation, l'Eucharistie, la Confession, l'Extrême-onction, l'Ordination et le Mariage.

On appelle l'hostie consacrée le Saint-Sacrement. Une adoration du Saint-Sacrement est un moment où l'on adore, généralement en silence, Jésus exposé dans l'hostie. On place alors l'hostie consacrée dans un ostensoir (du verbe latin ostendere qui veut dire montrer) pour qu'on puisse bien la voir.

Traditionnellement, on reçoit l'hostie à genoux en signe d'adoration pour Jésus et directement sur la langue pour signifier que ce n'est pas une nourriture ordinaire. De fait, une ancienne tradition de l'Orient sémitique veut que l'on honore ses invités en mettant le pain directement dans leur bouche, c'est donc possible que Jésus l'ait fait, ce que confirme les visions de saints mystiques comme la bienheureuse Anne-Catherine Emmerich.

Mais des personnes comprennent mal l'agenouillement en croyant à tort qu'il s'agirait de s'agenouiller devant la personne qui donne l'hostie et beaucoup aiment la beauté du geste consistant à recevoir Jésus dans ses mains comme on reçoit un cadeau précieux au creux de sa main ou un tout petit agneau dans ses bras. C'est pour cela que l'on donne généralement l'hostie dans la main et à des personnes debout (même si de plus en plus, les jeunes générations retrouvent le geste de s'agenouiller avant de recevoir Jésus mais en Le recevant debout et aussi souvent dans la main que sur la langue).

En donnant la communion on dit Le Corps du Christ, c'est-à-dire Ceci, ce tout petit bout de pain, est en réalité Jésus Lui-même. Et celui qui reçoit la communion doit, avant de la recevoir, dire Amen, c'est-à-dire C'est comme ça, C'est vrai, donc J'y crois, Je crois que c'est vraiment Jésus.  

Après la Messe, les hosties consacrées qui restent, si elles ne sont pas exposées dans l'ostensoir, sont placées dans un Tabernacle. Pour signaler qu'il y a Jésus dans le Tabernacle, on met devant une bougie (ou une ampoule) rouge.

 

Avant le Sacrifice en tant que tel, il y a l'Offertoire : on porte en offrande à l'autel le pain, le vin et l'eau qui sera mêlée au vin, ainsi que l'argent de la quête. Le Prêtre se lave les mains comme le faisait le grand-prêtre de l'Ancien Testament avant chaque sacrifice, pour se purifier. Puis il mêle de l'eau au vin pour symboliser l'union de notre Nature humaine avec la Nature Divine dans la Personne de Jésus, Vrai Dieu et Vrai Homme. Puis il rend grâce à Dieu pour le Don du pain et du vin en disant : Bénit sois-Tu Dieu de l'Univers, Toi qui nous donne ce pain, fruit de la terre et du travail des hommes et Bénit sois-Tu Dieu de l'Univers, Toi qui nous donne ce vin, fruit de la vigne et du travail des hommes. Ce sont des paroles qui sont peut-être celles que Jésus Lui-même a utilisées pour rendre grâce au Père car ces paroles sont encore utilisées aujourd'hui par les Juifs avant de manger du pain et du vin. A ces paroles issues de la tradition juive de Jésus et des Apôtres, il rajoute : Nous Te le présentons, il deviendra le Pain de la Vie, c'est-à-dire Jésus Lui-même qui S'est présenté comme le Pain de Vie descendu du Ciel. Et : Nous Te le présentons, il deviendra le Vin du Royaume éternel, une autre expression utilisée par Jésus.

 

Avant l'Offertoire, il y a la Liturgie de la Parole.

 

Cette Liturgie de la Parole commence par une Lecture généralement tirée de l'Ancien Testament.

Puis on chante le Graduel ou Psaume responsoral. C'est-à-dire que pour rendre grâce à Dieu pour la Parole qu'Il nous a donné dans la Bible, nous utilisons les mots du Livre des Psaumes qui se trouve aussi dans la Bible. Nous nous laissons enseigner par la Bible, Parole de Dieu, et nous en rendons grâce à Dieu en Le louant par d'autres Paroles de la Bible, auxquelles on ajoute souvent un refrain de notre composition. Puis on lit une Epître, généralement de St Paul, donc un passage du Nouveau Testament.

Enfin, on acclame l'Evangile par des Alléluias et, après la Lecture de l'Evangile, le Prêtre commente les Textes dans une prédication qu'on appelle l'Homélie.

Après l'Homélie, on proclame notre Foi par le Credo de Nicée, qu'on remplace très souvent par le Credo dit des Apôtres, plus simple à comprendre.

Puis, on prie à diverses intentions : c'est la Prière Universelle.

Le livre dans lequel se trouvent les extraits de la Bible qu'on lit chaque dimanche et jour de fête en suivant le Calendrier Liturgique établit par le Vatican s'appelle le Lectionnaire.

Pour signifier l'importance particulière des Textes des Evangiles par rapport à tous le reste de la Bible, car les Evangiles contiennent les Paroles de Jésus Lui-même et l'Histoire de Sa Vie sur Terre, il arrive qu'on lise l'Evangile de chaque dimanche dans un livre à part du Lectionnaire, l'Evangéliaire. Il arrive aussi qu'avant de lire l'Evangile on l'encense avec l'encensoir en signe de vénération. L'encens qui s'élève en volutes de fumées odorantes symbolise nos prières qui montent vers Dieu et l'on encense donc pendant la Messe les deux choses les plus sacrées : l'autel du Sacrifice eucharistique et le Texte de l'Evangile. On encense également le Prêtre pendant l'Offertoire et souvent aussi les fidèles. Dans ces cas-là, l'encens fait aussi office de signe de purification. Il arrive aussi que l'Evangile soit chanté. Quand le Prêtre ou le Diacre qui le lit a terminé, il l'embrasse en disant à voix basse Que cet Evangile lave nos péchés.  

 

On peut consulter le Calendrier Liturgique sur Internet et on peut aussi acheter chaque mois le Prions En Eglise (ou s'y abonner) pour avoir chaque jour les Textes bibliques du jour.

En semaine, après la Première Lecture et le Psaume, il y a tout de suite l'Alléluia et l'Evangile, il n'y a pas de Seconde Lecture.

 

Avant la Liturgie de la Parole, il y a le Rite d'Entrée.

 

La Messe commence souvent par une procession du Prêtre et des Servants d'Autel.

Dans la procession, la Croix précède toujours le Prêtre, fut-il Evêque ou même Pape !

Il y a souvent un chant d'entrée mais, à la place, le Prêtre peut aussi tout simplement lire, réciter ou chanter l'Antienne d'Ouverture, généralement un verset de la Bible, qui change chaque jour et chaque dimanche (on la trouve aussi pour chaque jour dans le Prions En Eglise).

L'assemblée des fidèles, à commencer par le Prêtre lui-même, reconnait ses péchés par le Je confesse à Dieu et/ou par le chant du Kyrie eleison (Seigneur prends pitié en grec).

Puis, sauf durant les temps de pénitence que sont l'Avent (quatre semaines avant Noël) et le Carême ou Quadragésime (quarante jours avant Pâques), on loue et glorifie Dieu par le chant du Gloria, chant qu'ont chanté les Anges après avoir annoncé aux bergers la Naissance de Jésus : Gloire à Dieu au plus haut des Cieux et paix sur la Terre aux Hommes qu'Il aime etc. ...

 

 

Pour pleinement comprendre l'esprit de la Messe, il vous faudrait vous lancer dans des recherches un peu plus poussées encore : jeter un œil sur l'esprit et la lettre du Missel dans sa version originale, en latin, et sa première traduction, en italien ; jeter un œil aussi sur l'ancien Missel, par définition en latin (mais le latin liturgique est très simple à apprendre, ce n'est plus le latin classique de Cicéron) et sur la lettre (en français c'est suffisant !) et l'esprit de la Constitution de Vatican II sur la Liturgie, Sacrosanctum Concilium, car le Missel actuel est une forme abrégée de l'ancien et réinterprétée dans l'esprit de Sacrosanctum Concilium ; enfin, il faut jeter un œil sur la Liturgie synagogale, les rites domestiques juifs et sur la Liturgie de l'ancien Temple de Jérusalem telle qu'exposée par la Bible, les traditions juives et l'archéologie.

 

 

 

Mais je pense vous avoir donné, par cet article, le minimum vital d'éléments pour comprendre, et donc vivre pleinement, la Messe catholique la plus courante, c'est-à-dire le Rite latin selon le Missel de Paul VI ou "forme ordinaire".

 

Je vous souhaites de bonnes et saintes messes !

 

 

Amen.

 

 

 

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18/04/2013
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