Redemptor Hominis

2° livret : Genèse, chapitre deuxième

Chapitre 2e

 

« 5  Il n'y avait encore sur la terre aucun arbuste des champs n'était encore sur la terre, et aucune herbe des champs ne germait encore: car Yahvé Dieu n'avait pas fait pleuvoir sur la terre, et il n'y avait point d'homme pour cultiver le sol. 6 Mais une vapeur s'éleva de la terre, et arrosa toute la surface du sol. » Gen 2, 5 – 6 (deuxième récite de la Création)

« 3Dieu dit: Que la lumière soit! Et la lumière fut. 4 Dieu vit que la lumière était bonne; et Dieu sépara la lumière d'avec les ténèbres.Dieu appela la lumière jour, et il appela les ténèbres nuit. Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin: ce fut le premier jour. 6Dieu dit: Qu'il y ait une étendue entre les eaux, et qu'elle sépare les eaux d'avec les eaux. 7Et Dieu fit l'étendue, et il sépara les eaux qui sont au-dessous de l'étendue d'avec les eaux qui sont au-dessus de l'étendue. Et cela fut ainsi. 8Dieu appela l'étendue ciel. Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin: ce fut le second jour. 9Dieu dit: Que les eaux qui sont au-dessous du ciel se rassemblent en un seul lieu, et que le sec paraisse. Et cela fut ainsi. 10Dieu appela le sec terre, et il appela l'amas des eaux mers. Dieu vit que cela était bon. 11Puis Dieu dit: Que la terre produise de la verdure, de l'herbe portant de la semence, des arbres fruitiers donnant du fruit selon leur espèce et ayant en eux leur semence sur la terre. Et cela fut ainsi. 12La terre produisit de la verdure, de l'herbe portant de la semence selon son espèce, et des arbres donnant du fruit et ayant en eux leur semence selon leur espèce. Dieu vit que cela était bon. 13Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin: ce fut le troisième jour.14Dieu dit: Qu'il y ait des luminaires dans l'étendue du ciel, pour séparer le jour d'avec la nuit; que ce soient des signes pour marquer les époques, les jours et les années; 15et qu'ils servent de luminaires dans l'étendue du ciel, pour éclairer la terre. Et cela fut ainsi. 16Dieu fit les deux grands luminaires, le plus grand luminaire pour présider au jour, et le plus petit luminaire pour présider à la nuit; il fit aussi les étoiles. 17Dieu les plaça dans l'étendue du ciel, pour éclairer la terre, 18pour présider au jour et à la nuit, et pour séparer la lumière d'avec les ténèbres. Dieu vit que cela était bon. 19Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin: ce fut le quatrième jour. 20Dieu dit: Que les eaux produisent en abondance des animaux vivants, et que des oiseaux volent sur la terre vers l'étendue du ciel. 21Dieu créa les grands poissons et tous les animaux vivants qui se meuvent, et que les eaux produisirent en abondance selon leur espèce; il créa aussi tout oiseau ailé selon son espèce. Dieu vit que cela était bon. 22Dieu les bénit, en disant: Soyez féconds, multipliez, et remplissez les eaux des mers; et que les oiseaux multiplient sur la terre. 23Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin: ce fut le cinquième jour. 24Dieu dit: Que la terre produise des animaux vivants selon leur espèce, du bétail, des reptiles et des animaux terrestres, selon leur espèce. Et cela fut ainsi. 25Dieu fit les animaux de la terre selon leur espèce, le bétail selon son espèce, et tous les reptiles de la terre selon leur espèce. Dieu vit que cela était bon. » Gen 3, 3-25 (premier récit de la création)

 

J’ai associé les versets 5 à 6 du second récit de la création  aux versets 3-25 du premier récit, car le premier résume l’autre ; pour autant, il n’est pas certain que ce que l'on désigne par second récit le fût dans l’intention des scribes. Il semble ici que ce qui apparaît convenu puisse ne pas l’être, proposant que le second récit ait fait partie d’une rédaction postérieure. Je m’appuie en cela sur le travail remarquable de l’orientaliste Fernand Combrette. De fait, dans certains actes majeurs où il est souligné que Dieu intervient en personne, il y a doublement de la Parole ; d’ailleurs Jésus utilisera souvent cette double expression : « en vérité, en vérité je vous le dis… » au sujet d’un enseignement important. Il faut être très prudent dans la science exégétique, d’autant que la Bible est une parole de vie et par le fait que cette science soit récente ; elle n’a pas tout à fait deux siècles.

Le récit des jours ne doit sans doute pas être pris au pied de la lettre, mais sur le sujet de la datation j’en courage que l’on soit distancié par rapport à la datation de périodes extrêmement longues ; cette science est  bien trop récente, elle n’a pas assez de recul, et il faut tenir compte de tant de facteurs qu’il me parait bien imprudent de présenter ces dates et ces périodes en leur donnant un caractère dogmatique…[1]

 

Le récit des jours de la création a un rythme si précis qu’il est indicatif de l’intention de Dieu dont l’objet est la création de l’homme en vue de l’Incarnation du Fils de Dieu ; ce qui attire l’attention, c’est la notion de durée[1], de temps.

Le temps pour nous les hommes et singulièrement pour le chrétien a un début et aura une fin : « Je suis l’Alpha et l’Omega. » ; si on récuse cela, alors on remet en cause l’acte créateur de Dieu et on envisage une éternité de fait de la matière, ce qui ne peut être. Le volume, l’espace et le temps sont les identifiants de la matière, et de par leurs liens avec elle, ils sont extérieurs au concept d’éternité, donc la création a bien un début qui la pousse vers une fin logique, un accomplissement. Dans le livre de la Sagesse ne se trouve-t-il pas illustrée cette notion de temps et d’éphémère ! « il y a un temps pour le travail et un temps pour le repos. […] Mille ans pour un homme est un clin d’œil pour Dieu.»

 

L’homme doit accepter que sa vie soit une mesure de temps, une durée.

 

Il y a un autre aspect important dans ce récit, c’est celui de la progression quant à l’élaboration de la création. Il y a d’abord la lumière et les ténèbres que Dieu sépare de manière à distinguer le jour de la nuit. Et c’est ainsi jusqu’à la création de l’homme. Dieu est patient avec Lui-même, l’homme devrait l’être à son exemple.

Dans le prologue de son évangile, saint Jean écrit ceci : « En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes, et la lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l'ont point reçue. […]Celui-ci vint en témoignage, pour rendre témoignage à la lumière, afin que tous crussent par lui : non que celui-ci fût la lumière, mais il avait à rendre témoignage à la lumière. La lumière, la vraie, celle qui éclaire tout homme, venait dans le monde.» (ver. 4-8) Saint Jean identifie le Christ, en sa qualité de Fils de Dieu et de Verbe, comme étant la Lumière originale, celle La-même qui crée le premier jour. Or, le Jour du Seigneur est celui de son retour, un retour qui se fera alors que toute l’humanité sera plongée dans les ténèbres spirituelles, les ténèbres de l’Esprit. L’acte créateur est le même que l’acte salvateur et qui est le Nom béni de Dieu. Le Jour du Seigneur que nous célébrons par anticipation le dimanche, quand il se produira, récapitulera le premier jour de la création à ce jour là, son Jour.

 

« Toute la création chante la gloire de Dieu… », ce passage nous invite à considérer la création comme le reflet sensible de Dieu, de sa puissance autant que de sa faiblesse et de sa richesse autant que sa pauvreté.

La nature nous est proposée comme un moyen de penser à Dieu, de se rappeler de Lui et de comprendre l’importance que nous avons à ses yeux de Créateur, puisqu’Il a fait de nous des associés au parachèvement de son œuvre.

Tout homme est gérant de la terre et du ciel ; il est gérant de tout ce qui tombe sous ses sens. La gestion de la nature exige un profond respect pour le don que Dieu nous fait de la vie ; le profit ne peut inspirer son exploitation.

Le fondement de toutes les associations qui tendent au respect de la nature est légitime dans son principe ; malheureusement, trop de celles-ci et ainsi que les partis politiques pervertissent cet idéal. Les idéologies, le triomphe de l’humanisme athée perçoivent l’homme comme sujet de la nature ce qui est le comble de l’inversion des valeurs. Ces idéologues, au rang duquel on trouve le prince Philippe d’Edimbourg ou Cohn-Bendit en arrivent à oser dire  que, pour que cette nature perdure l’homme devrait disparaître. Le rejet de Dieu, la haine des religions, le rejet de l’ordre naturel entraînent l’homme postmoderniste à la haine de l’autre, à la haine de lui-même. L’homme de la modernité occidentale est un traine-misère moral, affectif et spirituel, c’est une éponge de tristesse…

 

La création dès l’instant où elle est exécutée produit, par  l’introduction de la double notion du volume et de l’espace, le temps.

La progression dans l’élaboration de la création, rythmée par l’établissement des jours, confirme qu’il y a bien eu un principe d’évolution, mais je ne crois pas que celui-ci puisse s’appliquer en un schéma d’évolution concernant l’ordre animal. La terre et tout l’univers devaient être préparés à accueillir l’homme, ce qui explique les bouleversements gigantesques à des périodes qui ne semblent pas relever du hasard.

Quant à l’évolution animale, j’ai des doutes certains. Nous savons que le génome quel qu’il soit ne peut être modifié que par une intervention extérieure et qu’en aucun cas il ne peut devenir par lui-même un autre être[1]. Le génome d’un dinosaure terrien ne me parait pas pouvoir se modifier selon les circonstances géologiques, climatiques et de nourriture pour devenir ce qu’on appelle aujourd’hui une baleine parce que d’une certaine manière, il l’aurait désiré ? Une telle proposition ne saurait tenir face au tribunal du bon sens, d’autant qu’il y avait des dinosaures aquatiques.  L’adaptabilité ne peut être assez forte pour modifier substantiellement ni radicalement l’ADN, ni le génome. La science génétique infirme ces théories évolutionnistes. Si les théories de l’évolution se vérifient, ce ne peut être que dans une même espèce et sur des particularités très secondaires en fonction du climat, de la nourriture : l’homme est devenu noir, blanc et jaune, mais il est resté un homme. Il y des éléphants et des rhinocéros blancs en Indonésie, ils n’en sont pas moins des rhinocéros.

Il me semble que rien n’interdit d’envisager que les animaux de telle période reculée eurent un rôle préparatoire dans la perspective de la création de l’homme, et que leur mission terminée, Dieu ait décidé de les exterminer pour parvenir à un environnement satisfaisant à la vie de l’homme. Il s’agit donc moins de périodes d’évolution que de périodes successives préparatoires à la vie de l’homme sur terre. Ce n’est pas parce qu’il y a eu des dinosaures qui volaient que les oiseaux d’aujourd’hui en descendent nécessairement. Il est plus vraisemblable d’envisager que les différentes périodes de l’ordre animal correspondent à des bouleversements géologiques, climatiques de la terre et qu’elles n’aient rien à voir l’une à l’autre.

 

En sachant que notre intelligence n’est développée qu’au dixième de ses capacités, il serait extrêmement sage et prudent d’accepter qu’on puisse se tromper sur ces sujets envers lesquels il faut admettre que nous n’avons pas suffisamment de recul, que nous balbutions toujours. Ces sciences sont bien trop jeunes pour qu’on leur prête une autorité dogmatique, surtout qu’en celles-ci nourrissent des idéologies abominables.[2]

 

Conclusion :


La création telle que nous en offre le récit de la Bible doit nous inciter à vivre dans la permanence de l’action de grâce ; et que la problématique du temps n’est pas celui de sa course, mais de l’usage que nous en faisons : le temps est la période qui nous est offerte pour nous disposer à la vision béatifique, au salut.

 

Très-haut, tout puissant et bon Seigneur,
à toi louange, gloire, honneur,
et toute bénédiction ;
à toi seul ils conviennent, ô Très-Haut,
et nul homme n'est digne de te nommer.

Loué sois-tu, Seigneur, dans toutes tes créatures,
spécialement messire frère Soleil,
par qui tu nous donnes le jour, la lumière ;
il est beau, rayonnant d'une grande splendeur,
et de toi, le Très-Haut, il nous offre le symbole.

Loué sois-tu, mon Seigneur, pour soeur Lune et les Étoiles :
dans le ciel tu les as formées,
claires, précieuses et belles.

Loué sois-tu, mon Seigneur, pour frère Vent,
et pour l'air et pour les nuages,
pour l'azur calme et tous les temps :
par eux tu donnes soutien à toute créature.

Loué sois-tu, mon Seigneur, pour soeur Eau,
qui est très utile et très humble,
précieuse et chaste.

Loué sois-tu, mon Seigneur, pour frère Feu,
par qui tu éclaires la nuit :
il est beau et joyeux,
indomptable et fort.

Loué sois-tu, mon Seigneur, pour soeur notre mère la Terre
qui nous porte et nous nourrit,
qui produit la diversité des fruits,
avec les fleurs diaprées et les herbes.

Loué sois-tu, mon Seigneur, pour ceux qui pardonnent par amour pour Toi
qui supportent épreuves et maladies :
heureux s'ils conservent la paix,
car par toi, Très-Haut, ils seront couronnés.

Loué sois-tu, mon Seigneur, pour notre soeur la Mort corporelle
à qui nul homme vivant ne peut échapper.
Malheur à ceux qui meurent en péché mortel ;
heureux ceux qu'elle surprendra faisant ta volonté,
car la seconde mort ne pourra leur nuire.

Louez et bénissez mon Seigneur,
rendez-lui grâce et servez-le en toute humilité ! (Cantique de St François)

 

 



[1] Les OMG, à savoir les organismes modifiés, ne le sont qu’en utilisant une bactérie dont on extraie le génome, et débarrassé de son héritage génétique, par un moyen appelé canon, on le propulse sur  un le génome que l’on veut modifier, pratique au demeurant extrêmement dangereuse pour l’homme. Convainquons-nous, le génome ne peut se modifier par lui-même ; d’autre part, nous savons que lorsqu’il y a une perturbation dans le génome, elle devient la cause de gros handicaps, de maladies génétiques.

[2] Il faut savoir que l’élaboration de la théorie de l’évolution de Darwin a permis l’élaboration du racisme moderne, industriel, et qu’elle l’une des références pour l’élaboration des théories nazies et communistes. La perception de la dignité et de la conscience morale ont été très atteintes sans compter la foi en Dieu. Il est évident que cette théorie est l’une des causes secondes des lois qui, aujourd’hui, défient et bouleversent la loi morale naturelle et le droit moral naturel.



[1] La durée est une séquence du temps ; le temps n’est pas mesurable, il n’a pas de mesure pour nous, car nous ne  sommes pas ses créateurs ; encore que la notion de temps que nous avons reste une notion de la terre, c’est-à-dire une longue séquence. Ce temps de la terre  est vécu en la Présence trinitaire, et le Verbe, par son Incarnation, a relié radicalement ce temps au seuil de l’Eternité.



[1] Les expériences en laboratoire ont démontré que les sédiments se déposent non par superposition (principe d’empilement), mais par banc ; ce constat amène à considérer la datation différemment que ce qui est habituellement convenu ; dans un banc, le fossile au plus bas du ban est plus récent que celui qui se trouve au plus haut de ce même banc.



06/02/2011
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